ATELIER ALBERT COHEN

Groupe de recherches universitaires sur Albert Cohen

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edito cahier 01

"Mon petit cinéma". Série premiers textes

L'Atelier Albert Cohen existe maintenant depuis trois ans. A la fin d'un colloque où, durant trois jours, critiques et écrivains s'étaient succédé pour évoquer les aspects les plus divers de l'œuvre d'Albert Cohen, quelques-uns d'entre nous, jeunes et moins jeunes, qui déjà s'étaient réunis pour entamer un travail de réflexion sur Albert Cohen, ont invité le public du colloque à assister et participer, selon les désirs de chacun, à l'une de ces séances informelles, appelée, sans trop y songer, "Atelier Albert Cohen".

La salle spacieuse où nous nous étions réunis s'avéra trop petite pour contenir une soixantaine de curieux (ainsi les avions-nous désignés, n'imaginant pas que certains d'entre eux pussent constituer l'embryon d'un séminaire permanent de recherche collective). Les colloques, même réussis, passent, laissant, au mieux, un volume d'articles. En revanche, un groupe de travail ne regarde pas le bref chemin parcouru. Il ne songe qu'aux questions que l'œuvre ne cesse de faire surgir, stimulant études et découvertes.

Ainsi débuta et se développa sans bruit notre "Atelier". Ce nom d'une soirée improvisée fut adopté sans que quiconque y eût réfléchi. Le Magazine littéraire, dans son numéro spécial Albert Cohen (janvier 1989) en parla : nous avions en quelque sorte un acte de naissance.

Nous existions et travaillions sans grand souci d'être connus au dehors, tant nos énergies étaient absorbées par le travail qui se proposait et s'imposait. L'Atelier regroupa et continue d'attirer de jeunes universitaires qui ont entrepris des travaux de longue haleine (thèses, mémoires), des étudiants curieux ou amoureux d'Albert Cohen, encore indécis sur la voie qu'ils choisiront, et, tout simplement, ceux que cette oeuvre n'a cessé de fasciner et d'enchanter. Qu'ils en ignorent eux-mêmes la raison rend leur présence souvent d'autant plus précieuse. Nous découvrons ensemble des aspects insoupçonnés d'une oeuvre inépuisable.

L'Atelier, tout en devenant plus "officiel" (il a maintenant des statuts, des règles de fonctionnement), est resté ce qu'il était : un lieu d'aventure i ntellectuelle , à la fois très libre et très sérieuse. Les anciens, les "fondateurs", poursuivent et renouvellent leurs recherches. Le caractère essentiel reste la volonté d'accomplir un travail collectif. Chacun, ayant choisi sa propre voie originale pour explorer un aspect particulier de l'oeuvre, propose dans son exposé (différent d'une conférence) ses réflexions et sa démarche. Le groupe, prévenu du sujet général et de l'objet précis du commentaire (textes choisis, idées à poursuivre) est au fait de la question, donc en mesure de participer à une discussion fructueuse. Nous constituons ainsi des dossiers (peut-être un jour seront-ils des archives), toujours à la disposition des membres de l'Atelier.

Nous choisissons ensemble le thème général de nos études pour l'année à venir, et, selon l'intérêt et le libre désir de chacun, les sujets à traiter. Ainsi, avons-nous, par le passé, entrepris une série d'études sur "La ville dans l'œuvre de Cohen : Marseille, Genève, Paris, Londres". Ainsi avons-nous consacré plus récemment, plusieurs séances aux premiers textes, peu connus, de l'auteur et, en particulier, celui qui apparaît comme la genèse du grand cycle cohénien : sorte d'ébauche de la représentation romanesque et du traitement des personnages, présage des structures à venir de venir, annonce des procédés stylistique caractéristiques de l'œuvre en gestation.

C'est dans cette conjoncture qu'il nous a semblé opportun d'entreprendre la publication d'un Cahier, où nos activités trouveront leur lieu naturel d'expression. La "lecture dialoguée" de Projections ou Après-minuit à Genève ouvre une série d'études que nous comptons poursuivre à intervalles réguliers. il était particulièrement approprié d'inaugurer nos publications avec le commentaire du texte qui marqua la percée d'Albert Cohen dans le monde des lettres et son entrée chez Gallimard, la maison qu'il n'allait plus quitter. Le Cahier contient évidemment une présentation des diverses activités de l'Atelier et de ses membres. Le sommaire en indique l'ordre et le contenu. Enfin, permettez-moi, cher lecteur, de vous préciser, à cette occasion, le programme de travail choisi par l'Atelier pour l'année 1990-1991 et qui sera poursuivi en 1991-1992. Sous le titre général de Présence des écrivains dans l'oeuvre d'Albert Cohen, nous réalisons une série d'études sur le rôle et la signification des innombrables références, explicites et implicites, à la littérature classique et contemporaine, dispersées à travers les livres d'Albert Cohen, sous forme de citations, manifestes ou voilées, et d'allusions évidentes ou subtiles. Phénomène particulièrement intéressant chez un écrivain qui s'est déclaré privé de filiations et de parentés littéraires. Verrons-nous se préciser la part de légende et la part de vérité dans la situation faite - trop hâtivement peut-être - à l'œuvre du grand écrivain ?

Denise Goitein-Galpérin