La bande annonce :
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Le film d'une vie
Belle du Seigneur est le film d'une vie, celle de son réalisateur Glenio Bonder. Son histoire d'amour avec le roman d'Albert Cohen commence au milieu des années 1980, alors qu'il est diplomate pour le gouvernement brésilien. Adapter l'oeuvre de Cohen au cinéma est rapidement devenu une obsession pour celui qui a déjà réalisé des courts métrages, des documentaires et des publicités pour de grandes marques (Calvin Klein, etc.). Glenio Bonder écrit alors un scénario de 120 pages, mais des difficultés ne tardent pas à apparaitre : l'acquisition des droits et la recherche de financement piétine, poussant ainsi le cinéaste à attendre jusqu'en 2010 pour débuter le tournage. Atteint d'une maladie du sang, Bonder doit subir une greffe de moelle osseuse. Pourtant, il n'arrête pas son projet. En 2011, le film entre en post-production. Le metteur en scène, fatigué, est hospitalisé pour se faire opérer. Le 10 novembre de la même année, il décède à l'âge de 55 ans, et ne verra pas la version finale du film qui lui a demandé près de vingt-cinq années d'efforts.
L'oeuvre d'Albert Cohen
Belle du Seigneur est avant tout une oeuvre majeure de la littérature française. 845 pages sorties de l'imagination d'Albert Cohen. Le livre a reçu en 1968 le Grand Prix de l'Académie française. Traduit dans 13 langues, il s'est vendu à plus d'un million d'exemplaires.
Droits d'adaptation, ce calvaire
Obtenir les droits d'adaptation de Belle du Seigneur a été un véritable casse-tête pour Glenio Bonder. Il a découvert que les droits appartenaient à des producteurs de cinéma, les frères Hakim, qui avaient déjà un projet de film, lequel n'a finalement pas abouti. Le cinéaste a ainsi envoyé son scénario à Bella Cohen, détenant les droits de son mari Albert. Après quelques réflexions, la veuve s'est montrée intéressée, et a demandé à Bonder de faire des recherches sur l'enfance de son mari. En 1994, dans le cadre de la collection "Un siècle d'écrivains", France 3 projette de diffuser un documentaire sur Albert Cohen. Une aubaine pour Bonder, qui peut enfin réaliser le portrait de son idole littéraire. Un portrait salué par la critique.
Les frères Hakim décédés, les négociations reprennent avec Gallimard, éditeur de "Belle du Seigneur". Soutenu par Bella Cohen, le réalisateur acquiert les droits d'adaptation en 1999. Le contrat avec la maison d'édition précise cependant que le premier jour de tournage doit avoir lieu avant la fin de l'année 2006. L'équipe du film y parvient malgré de nombreux problèmes de production. Entre temps, Bella Cohen décède. En 2009, le tournage n'est toujours pas terminé, mais devant la persévérance de Bonder et son équipe, Gallimard donne son feu vert pour la prolongation des droits. Le film s'achève définitivement en janvier 2012.
Le financement
La production a été aussi compliquée à mettre en place que l'obtention des droits d'adaptation. Après l'acquisition des droits par BDS, la société de Glenio Bonder, la recherche de financements a pu commencer. Entre les producteurs qui n'ont pas osé adapter une oeuvre qu'ils estimaient inadaptable et ceux qui ont accepté à condition de choisir le réalisateur (alors que le contrat de cession de droits stipulait que seul Glenio Bonder pouvait réaliser le film), il a fallu faire vite pour éviter que le projet tombe à l'eau. L'espérance est venue du producteur Thierry de Navacelle à la tête de TNVO. Mais les financements ajoutés n'ont pas suffi. En janvier 2010, la société de production luxembourgeoise DELUX (dirigée par Jimmy de Brabant) et la compagnie belge Banana Films ont accepté de prêter main forte et de coproduire le film. L'apport d'investisseurs privés a ensuite fait en sorte que le projet aboutisse.
De "Harry Potter" à "Belle du Seigneur"
Lorsque Glenio Bonder a contacté Eduardo Serra pour devenir directeur de la photographie de Belle du Seigneur, celui-ci travaillait encore à Londres sur les deux derniers volets de la saga Harry Potter. Il est ainsi passé d'une atmosphère "gothique, mystérieuse et dure" à une esthétique "entre réalisme et poésie", selon les mots de Glenio Bonder.
Retrouvailles
Belle du Seigneur marque les retrouvailles entre Jonathan Rhys Meyers et Eduardo Serra, directeur de la photographie, après The Disappearance of Finbar (1995) réalisé par Sue Clayton.
Bande Originale
Gabriel Yared, qui a composé la musique de Belle du Seigneur, a commencé à travailler sur le projet comme à son habitude, c'est-à-dire sans aucune image. Il évoque ses difficultés sur ce film : "La musique originale de Belle du Seigneur ne ressemble à rien de ce que j'ai fait auparavant. Elle ne sourit jamais, elle est ténébreuse, ne se "lâche" pas. C'est un mélange de tension et de pudeur qui ne coulait pas de source pour moi."
Natalia Vodianova, la tête d'affiche
Natalia Vodianova s'est vu confier le rôle d'Ariane dans Belle du Seigneur, le personnage principal féminin. Une première pour la jeune actrice qui a auparavant fait quelques apparitions sur grand écran, notamment dans CQ deRoman Coppola ou encore Le Choc des Titans de Louis Leterrier : "Pour Belle du Seigneur, j’ai pris une douzaine de leçons avec un coach avec lequel j’ai répété les scènes les plus intenses et analysé le personnage d’Ariane. C’est comme si nous avions fait une thérapie express avec elle."
Casting
Natalia Vodianova était une amie de la compagne de Glenio Bonder. Le cinéaste lui a alors avoué qu'il avait déjà pensé à elle pour le rôle-titre : "J'ai tout d’abord été assez réticente, je trouvais cela compliqué notamment à cause de mon amitié avec sa petite amie. Mais Glenio a persévéré. Il m’a envoyé le scénario et l’histoire d’Ariane et Solal m’a touchée", se souvient la comédienne.
Relation (très) professionnelle
Natalia Vodianova et Jonathan Rhys Meyers, qui interprètent respectivement Ariane et Solal, les deux amants deBelle du Seigneur, ont eu une relation assez inhabituelle sur un plateau de tournage : "Nous ne nous rencontrions que pendant les prises, sans se voir ni se parler avant. Du coup, notre première rencontre a été intense et imprévisible, à l’image de ce que vivaient nos personnages. J’étais convaincue que discuter ou devenir amie avec Jonathan nuirait au potentiel dramatique de l’histoire. Nous avons pris le temps de nous découvrir après la fin du tournage", raconte l'actrice. "Étant donné le temps très court dont nous disposions pour le tournage, Jonathan et moi étions obligés de rester très spontanés. Quand on n’a que deux prises pour réussir, on doit se faire confiance, on n’a pas le temps de douter ou d’être incertains", poursuit-elle.
Une aide précieuse
Avec les problèmes liés à la production, Glenio Bonder a dû apporter nombre de changements à son scénario d'origine. De fait, il a contacté l'un de ses confrères en Italie : Vincenzo Cerami, scénariste de renom, reconnu pas ses pairs pour avoir notamment écrit en compagnie de Roberto Benigni l'émouvant La vie est Belle.